SKOL / PETITES INCARNATIONS (SUITE) PAR BARBARA CLAUS

Barbara Claus
Petites incarnations (suite)
Centre des arts actuels SKOL
Du 6 mars au 22 avril 2017


« Je me demande comment honorer le travail à l’atelier à une époque d’hyper-connectivité et de vitesse. L’atelier n’est pas un espace acquis, trop souvent il persiste à n’être qu’un lieu précaire… Le travail est plus mobile, par les résidences de création, plus fluide, par les réalisations in situ. Pourtant la pratique d’atelier idéale demeure encore pour moi un espace sacré de concentration, un lieu de silence, voire d’extraction du monde autant qu’un espace de rituels. J’ai ce désir de mettre à nu ces idées, comprenant les failles potentielles du processus, les moments d’hésitations… par l’incarnation du travail dans le corps et l’espace réel, imaginaire et symbolique ».

— Barbara Claus

Dans son plus récent projet in situ, Petites incarnations (suite), actuellement présenté au Centre des arts actuels Skol depuis le 6 mars, l’artiste montréalaise, Barbara Claus, travaille à même l’espace.

Au moyen d’une dimension performative indirecte et d’une instigation du lieu d’exposition, son processus demeure éminemment intime, voire réservé et privé. Lorsqu’aucun visiteur n’est dans la salle, elle intervient et quand un visiteur arrive, elle s’arrête et l’invite à enlever ses chaussures afin de le laisser entrer dans son « atelier ». D’un voyage au Japon, Claus rapporte des coutumes culturelles et des influences diversifiées. La tradition japonaise veut que l’on se déchausse lorsque l’on entre dans un domicile, que ce soit chez soi ou chez quelqu’un d’autre. Cette coutume ne se borne d’ailleurs pas qu’aux maisons et aux appartements, mais également à certains endroits publics, tels les musées et les galeries. En ce sens, deux possibilités s’offrent au visiteur : il peut soit retirer ses chaussures et entrer à l’intérieur de l’atelier immersif, soit s’assoir sur un banc afin de contempler le tout de l’extérieur. Une division brute et non terminée délimite l’espace sacré de concentration, ce lieu de « rituels ».

L’espace devient monographique. L’artiste l’habite, se l’approprie et le transfigure par des codes symboliques. Dans celui-ci, elle travaille le rôle de la lenteur dans un monde où tout semble accélérer. Barbara Claus aborde maints thèmes, tels que la mémoire, l’éphémérité et la mort. S’inscrivant dans un processus imbu d’hésitations, entre construction et destruction, les traces apparaissent au moyen de détournements comme l’accumulation et le retrait de matières dissemblables. Le résultat est précaire puisque rien n’est permanent ; tout est momentané et spontané. L’artiste va à l’encontre de la pérennité et de la durabilité en travaillant à l’aboutissement de l’inabouti.

Dans la salle de Skol, quatre cloisons en perpétuelle évolution s’enchainent. Le mur initial — Monument I — est tapissé de minces feuilles d’aluminium superposées. Le mot « MORTE » y est creusé et parsemé de coruscations ; de distinctes réverbérations. La surface métallique reflète le mur parallèle — Monument II — qui est entièrement recouvert de cire d’abeille. Une succession de fines couches donne à la matière une couleur jaune saturé. L’odeur de miel est omniprésente.

À l’opposé, par des Lignes de feu, Claus tente d’imiter la technique utilisée dans ses livres d’artiste : le découpage d’entailles délicates, ensuite brulées. Alors que chaque imperfection fait intégralement partie du processus, des lignes horizontales évident le plâtre de la cloison. Sur la paroi adjacente — La ruine —, l’artiste perfore d’innombrables petits trous et recouvre l’entièreté de la surface de graphite. Le mot « RUINE » s’y immisce, peint d’un ton spéculaire. Ainsi, la multitude des textures, par différentes étapes, contribue à l’état transitoire que Claus offre au visiteur.

Le 22 avril prochain, dernier jour du projet, un finissage et un démantèlement collectif sont prévus. Chaque passant partira avec un élément de ce cadre d’extraction.

 

L’évolution du travail de l’artiste est disponible sur son site web.


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