Objets de tous les désirs à la Galerie SAS

Galerie SAS

L’exposition Objets de tous les désirs présentée en ce moment à la Galerie SAS joue avec la banalité, l’ingéniosité, l’instabilité et la dangerosité, même, de l’objet dans une série d’Å“uvres d’artistes québécois de talent. Elle questionne aussi notre rapport à celui-ci, que l’on peut vénérer ou tout simplement utiliser pour ses qualités propres, mais qui peut tour à tour créer malaise, nostalgie, dégoût ou encore réconfort. Bref, Objets de tous les désirs présente la chose de tous les jours sous toutes ses coutures et en ressort une série de déclinaisons toutes aussi intéressantes les unes que les autres.

D’abord, en posant le premier pied dans la galerie, on est tout de suite saisi par l’Å“uvre en impression numérique The Good Life Guide (2003) de Shelley Miller où sont regroupés des items associés à la vie mondaine (voiture de sport, souliers de golf, cigare, etc.), mais entièrement faits de gâteau. L’ensemble prend un aspect de nature morte classique, le luxe mangeable remplaçant les traditionnels fruits et fleurs. Plus loin, Chloé Desjardins (qui avait d’ailleurs présenté une superbe exposition au CDex à la fin de l’année dernière) se questionne sur le cadre de présentation de l’objet dans une série de trois sculptures utilisant l’emballage du produit pour susciter la curiosité et modifier notre perception de la présence physique de l’Å“uvre. Guillaume Labrie expose quant à lui des objets du quotidien tronqués ou assemblés, dont Les complices (2012), enchevêtrement bien maîtrisé et pas banal du tout d’une pelle et d’un balai, et Karine Payette, avec Light in the box (2012), se sert d’objets du même acabit pour créer une structure tournante hétéroclite où tout semble en équilibre précaire. Payette explore aussi ce thème dans Instabilité 1 (2011), Å“uvre constituée d’un bibelot semblant prêt à tomber d’une étagère bringuebalante.

Dans une petite salle en retrait, Patrick Bérubé installe brillamment son malaise avec deux pièces tridimensionnelles utilisant la taxidermie, soit un sac de plastique rempli de canetons et un chat devant son propre reflet dans le miroir. Ici, Bérubé crée un savant mélange de dégoût et de réconfort face à ces petites bêtes d’ordinaire si mignonnes et attendrissantes et parvient aussi à suggérer la dangerosité de l’objet avec son installation La pelote (2011), sorte de guet-apens pour chaton enjoué.

Plus loin, les travaux photographiques de Laurent Craste et de Peter Gnass impressionnent et poussent toujours plus loin le thème de l’exposition. Le premier explore la vénération et le fétiche avec un triptyque présentant un homme léchant des objets de porcelaine et le second présente pour sa part des objets emprisonnés (morceaux de métal, thermomètre, etc.), coincés par un élément de la nature, en l’occurrence le platane.

Objets de tous les désirs vise donc juste dans sa quête d’exploiter toute « l’importance et la puissance artistique actuelle de l’objet. » 1 Les pièces choisies ont une vie en dehors de l’exposition de groupe, il en est certain, mais leur regroupement est habilement exécuté, ce qui donne lieu à d’intéressants questionnements. Bref, c’est à voir et c’est à la Galerie SAS pour encore quelques jours. Je vous suggère fortement d’aller y jeter un Å“il.

1Tiré du communiqué de presse de l’exposition rédigé par Christelle Proulx.

Galerie SAS, espace 416
Guillaume Labrie, Karine Payette, Éric Cardinal, Chloé Desjardins, Patrick Bérubé, Shelley Miller, Peter Gnass, Laurent Craste, Véronique La Perrière M., Catherine Bolduc.
Objets de tous les désirs
7 juin au 25 août 2012
www.galeriesas.com


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